"Allez, on grimpe !" Quand j'ai dit ça à Emmanuel Faber, l'ancien patron de Danone, pour notre interview, son équipe a cru que je plaisantais. Faire parler un dirigeant d'entreprise sur l'écologie en pleine paroi d'escalade ? C'est pourtant exactement ce genre de situation qui révèle le vrai caractère des gens.
Au bout de 5 ans d'émission "En Terre Ferme" et des dizaines d'animations de débats, j'ai compris un truc : sortir les gens de leur zone de confort, c'est la clé pour avoir des échanges authentiques sur l'environnement. Et ça marche, que ce soit avec le Prince Albert II de Monaco ou avec des éleveurs du Cantal.
Pourquoi j'ai quitté les plateaux télé
Le problème des débats classiques
Pendant mes années à Paris, j'ai participé à des dizaines de plateaux télé sur l'écologie. Le scénario était toujours le même : canapé beige, éclairage froid, débat chronométré, invités qui ressortent leurs éléments de langage rodés. Résultat ? Du spectacle, mais pas de vérité.
Le déclic, ça a été une émission où j'ai vu un dirigeant d'entreprise et un militant écolo se regarder en chiens de faïence pendant 20 minutes sans jamais vraiment s'écouter. Chacun dans son rôle, chacun dans ses certitudes. Zéro émotion, zéro nuance, zéro évolution.
Ma révélation terrain
Ma première interview "hors les murs" a été avec Jacques Marcon, le chef triplement étoilé qui m'a fait découvrir la Haute-Loire. On a parlé d'agriculture et de gastronomie en se baladant dans ses jardins, les mains dans la terre de ses légumes.
La différence était saisissante : détendu, ancré dans son environnement, il m'a livré des réflexions d'une profondeur que jamais je n'aurais obtenues dans un studio. C'est là que j'ai compris que pour parler d'écologie, il fallait la vivre, pas juste en parler.
Ma méthode d'animation immersive
Le principe : sortir de la théorie
Mon approche tient en une phrase : emmener les gens là où ils sont vrais. Pas dans un bureau, pas dans un studio, mais dans leur élément ou carrément en dehors de leur zone de confort.
Exemples concrets de mes animations :
- Emmanuel Faber en escalade dans le Vaucluse (émission d'1h)
- Randonnée avec Bertrand Piccard dans les Alpes suisses
- Visite de ferme avec Cyril Dion en Normandie
- Balade en forêt avec Lucie Lucas dans les Vosges
Les 4 piliers de mon animation
1. L'immersion totale
Quand j'anime un débat au Sommet de l'élevage, je ne reste pas sur l'estrade. Je descends dans les allées, je touche les animaux, je sens l'odeur du foin. Les éleveurs voient que je ne suis pas juste une journaliste parisienne qui débarque avec ses idées toutes faites.
2. Le respect des émotions
L'interview la plus marquante de ma carrière ? Yann Arthus-Bertrand qui s'effondre en larmes en parlant de l'effondrement de la biodiversité. Toute l'équipe a pleuré avec lui. Ces moments-là, on ne les obtient pas en restant dans la technique.
3. La valorisation de l'expérience vécue
Je ne fais jamais parler quelqu'un de ce qu'il ne connaît pas. Si j'invite un agriculteur, on parle agriculture. Si c'est un chef d'entreprise, on parle transformation économique. Chacun dans son domaine d'expertise réel.
4. L'acceptation de l'imprévu
Mes meilleures émissions sont celles où il s'est passé un truc inattendu : une averse qui nous oblige à nous réfugier dans une grange, un animal qui fait irruption, un invité qui sort de son discours préparé. C'est là que ça devient magique.
Mes différents types d'animation
Les émissions "En Terre Ferme" (5 saisons)
Format : 1h d'émission avec un invité prestigieux dans son environnement
Diffusion : Ushuaïa TV + rediffusion TF1
Principe : Zéro plateau, 100% terrain
Mes invités marquants :
- Emmanuel Faber : on a parlé de capitalisme responsable en escalade (je vous jure que ça marche)
- Prince Albert II de Monaco : discussion sur les océans en bateau dans la rade de Monaco
- Yann Arthus-Bertrand : le coup des larmes sur la biodiversité, inoubliable
- Cyril Dion : rencontre authentique loin de son image médiatique
L'animation d'événements professionnels
Mes références régulières :
- Sommet de l'élevage (Clermont-Ferrand) : animation de débats entre éleveurs et consommateurs
- Rencontres nationales de l'ANAH : tables rondes sur l'habitat durable
- Climate Bootcamp (5 éditions avec Cédric Ringenbach) : formation journalistes sur le climat
Ma spécificité : Je connais les sujets de l'intérieur. Quand j'anime un débat sur l'élevage, je sais de quoi je parle parce que j'ai mes chèvres. Quand c'est sur l'agriculture, j'ai les mains dans la terre tous les jours.
Les défis de l'animation environnementale
Éviter la radicalisation
Le piège numéro 1 des débats écolo, c'est la polarisation. D'un côté les "écolos bobos déconnectés", de l'autre les "productivistes sans conscience". Mon boulot, c'est de casser ces clichés.
Mes techniques :
- Toujours partir de l'expérience concrète des gens
- Valoriser les initiatives positives plutôt que de culpabiliser
- Montrer la complexité plutôt que d'opposer le bien et le mal
- Laisser du temps pour nuancer, pas de débat chrono
Gérer les égos et les positions
Quand on met autour d'une table un dirigeant d'entreprise, un militant écolo et un représentant agricole, chacun arrive avec son agenda. Mon travail, c'est de les faire sortir de leurs rôles.
Ma méthode :
- Briefing préalable individuel avec chaque intervenant
- Questions qui partent du vécu personnel, pas des positions officielles
- Temps d'échange informel avant et après (crucial !)
- Pas de "gotcha questions", on cherche la compréhension, pas le clash
Traduire la complexité scientifique
L'écologie, c'est compliqué. Changement climatique, biodiversité, cycles naturels... Comment rendre ça accessible sans simplifier à outrance ?
Mes outils :
- Exemples concrets tirés de ma propre expérience (mon potager, mes observations)
- Métaphores du quotidien qui parlent à tous
- Témoignages de terrain plutôt que statistiques abstraites
- Support visuel : on va voir sur place quand c'est possible
Ce qui différencie mon approche
L'écologie de terrain vs l'écologie de bureau
La différence avec mes confrères ? Je ne fais pas de l'écologie de bureau. Je la vis au quotidien. Quand je parle de circuits courts, ce n'est pas de la théorie : je nourris ma famille avec mon jardin à 70%.
Cette crédibilité change tout dans l'animation. Les intervenants sentent qu'ils parlent à quelqu'un qui comprend vraiment les enjeux, pas juste une journaliste qui a lu des fiches.
La place de l'émotion
Je n'ai pas peur des larmes, des coups de gueule, des moments de doute. L'écologie, c'est viscéral. Quand Yann Arthus-Bertrand s'effondre en parlant des espèces qui disparaissent, c'est plus fort que tous les discours.
Mon rôle, c'est d'accompagner ces émotions, pas de les censurer. Elles révèlent l'humanité de mes invités et touchent le public bien plus que les éléments de langage.
L'incarnation plutôt que la théorie
Quand j'anime une table ronde sur l'agriculture durable, je commence souvent par raconter ma galère avec mes pommes de terre ratées. Ça détend, ça humanise, et ça montre que je ne suis pas dans le jugement mais dans la recherche de solutions.
Mes projets d'animation futurs
Après "En Terre Ferme"
Après 5 saisons, j'ai envie d'explorer d'autres formats. L'idée : garder cette philosophie de l'immersion mais l'adapter à de nouveaux sujets.
Mes pistes :
- Débats participatifs avec le grand public (pas que des experts)
- Formats plus courts mais plus fréquents
- Animation d'événements citoyens sur l'écologie locale
Le sujet qui me tient à cœur : la naissance
Mon prochain projet, c'est un film sur l'industrialisation de la naissance. Et je compte bien l'accompagner d'animations de débats sur ce sujet tabou mais essentiel.
L'idée : sortir des clichés "naturel vs médical" pour explorer vraiment les besoins des femmes et des bébés. Avec ma méthode habituelle : du terrain, de l'émotion, du vécu.
Conseils pour animer des débats environnementaux
Pour les débutants
Mes 5 règles d'or :
- Connaissez vos sujets : vous ne pouvez pas animer un débat sur ce que vous ne maîtrisez pas
- Sortez du studio : l'environnement change tout dans la qualité des échanges
- Laissez de la place à l'imprévu : vos meilleurs moments naîtront des accidents
- N'ayez pas peur de l'émotion : elle révèle la vérité des gens
- Restez humble : vous êtes là pour révéler les autres, pas pour briller
Les erreurs à éviter
- Ne jamais opposer systématiquement économie et écologie
- Ne pas tomber dans le catastrophisme permanent
- Éviter le jargon technique qui exclut le grand public
- Ne pas préjuger des positions de vos invités
- Ne pas chercher le clash à tout prix
Mes outils pratiques
Préparation :
- Recherche approfondie sur chaque invité (pas que leur CV officiel)
- Repérage des lieux quand c'est possible
- Questions ouvertes préparées mais adaptation en temps réel
Animation :
- Écoute active et relances spontanées
- Reformulation pour clarifier les positions
- Synthèses régulières pour maintenir le fil
- Gestion du temps souple selon l'intérêt des échanges
L'impact de mon travail
Retours des participants
Ce qui me fait le plus plaisir ? Les messages que je reçois après les débats. Des participants qui me disent avoir découvert des points de vue qu'ils n'avaient jamais envisagés.
Exemple récent : un éleveur qui m'écrit après le Sommet de l'élevage qu'il a changé certaines pratiques après avoir écouté les préoccupations des consommateurs. Et vice versa : des consommateurs qui comprennent mieux les contraintes des producteurs.
Évolution des mentalités
En 5 ans, j'ai vu les débats évoluer. Moins de positions tranchées, plus de nuances. Les gens acceptent mieux la complexité des sujets environnementaux.
Mon rôle dans cette évolution ? Peut-être d'avoir montré qu'on peut parler d'écologie sans être moralisateur, en partant de l'expérience concrète des gens.
Cette expertise en animation de débats environnementaux nourrit directement mon approche de l'écologie de terrain que je pratique au quotidien. Découvrez comment je vis cette cohérence dans mon article sur l'autonomie alimentaire.
Vous organisez un événement sur l'environnement ? Je serais ravie d'échanger avec vous sur vos besoins d'animation. Mon approche immersive peut transformer vos débats en véritables moments de compréhension mutuelle.